Dans la tête de … Brume Parole et Panpan
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Temps de lecture :Comment est née cette collaboration entre art visuel et musique ?
Brume Parole : Je suis passionné de musique électro depuis l’adolescence. Il y a quelques années, cherchant à me produire sur scène et à mêler musique et art visuel, j’ai rencontré Jonathan Guyot, allias Panpan, qui vit à Nogent-le-Rotrou comme moi.
Panpan : J’ai commencé le graffiti à l’adolescence. J’ai laissé mon empreinte sur pas mal de murs de ma Bretagne natale. C’est resté une activité complémentaire à mon métier d’enseignant au lycée. C’est là qu’une collègue m’a parlé de son mari chanteur, Thibaut Guillon, allias Brume Parole.
Concrètement, comment composez-vous votre performance pour faire fusionner vos deux créations ?
Brume parole : Quand je suis revenu à la musique après une interruption pendant laquelle j’ai beaucoup écrit, mon premier morceau m’a été inspiré par le livre d’un ami dont j’ai prélevé des extraits que j’ai mis en musique. Cette technique – le « cut up » – est devenu mon geste artistique. Dès lors, je n’ai cessé de passer les textes au tamis pour en extraire des chansons puis des albums-concepts.
Panpan : Lors de notre première rencontre, Thibaut m’a fait écouter quelques morceaux et on a imaginé des compléments visuels, au vidéoprojecteur ou à la peinture. Nous avons collaboré pour les clips et les pochettes de ses albums.
Performer en plein air, dans les Jardins de la Duchaylatière, c’est particulier pour vous ?
Panpan : Si nos créations sont plutôt pensées pour des salles de concert, nous adorons les propositions insolites. Après notre happening à la Villa Charpentier l’an dernier, nous avons cherché un lieu en Eure-et-Loir. J’ai pensé au jardin de la Duchaylatière que son propriétaire cherchait à faire vivre artistiquement en y invitant le spectacle vivant.
Brume Parole : Le jardin de la Duchaylatière offre une dimension botanique et aquatique qui ouvre de nouvelles possibilités. Nous voulons amener le public, à travers des extraits de l’œuvre de Proust et aux reflets du bassin à vivre une expérience introspective. Il sera transporté par les mots de l’auteur et les œuvres de Panpan qui se créeront sous ses yeux.
Brume Parole, vous êtes lauréat Propul’Son pour le département d’Eure-et-Loir, c’est une consécration ?
Brume Parole : C’est plutôt une étape. C’est important pour moi qu’un projet qui a eu une résonance au niveau national vive au plan régional, particulièrement sur la dynamique des Nouvelles Renaissances. Faire vivre des artistes du passé dans l’époque actuelle : c’est exactement notre projet ! L’Eure-et-Loir n’a pas forcément l’image d’un territoire riche ni vivant. Pourtant, quand on regarde autour de soi, on y trouve des pépites artistiques ! Les pionniers de la techno à Détroit disaient que dans leur ville où il n’y avait pas grand-chose à faire, on pouvait choisir d’être soit négatif, soit créatif. Comme eux, nous avons choisi.
Panpan : Adopter un regard positif, c’est notre état d’esprit depuis le début. Quand j’ai quitté la Bretagne pour l’Eure-et-Loir en devenant prof et papa, je me suis dit que ma vie artistique était terminée. Pourtant, c’est l’inverse qui s’est produit. Ici, j’ai créé un festival de graffiti et j’ai trouvé un nouveau sens à mes créations. Vivre dans un département rural ouvre le champ des possibles.
« L’Eure-et-Loir n’a pas forcément l’image d’un territoire riche ni vivant. Pourtant, quand on regarde autour de soi, on y trouve des pépites artistiques ! »
Les textes de vos chansons sont composés à partir des écrits de Marcel Proust, un hommage à l’occasion du centenaire de sa mort en 2022. Comment est venue cette idée ?
Brume Parole : Ma rencontre avec Proust a été fortuite. J’ai hérité de ma grand-mère d’une édition Pléiade de À la Recherche du temps perdu. J’ai été interpellé par la transformation qu’avait provoquée l’œuvre dans le territoire. Avec Panpan, nous avons abordé La recherche naïvement et y avons découvert de nombreuses thématiques qui ont résonné en nous. J’ai été frappé par la virtuosité de l’œuvre qui ne finit pas de nous nourrir. Nous avons sorti le premier single le jour de sa naissance et l’album le jour du centenaire de sa mort. Même si nous avons d’autres projets, il reste un fil rouge.
Panpan : Quand Thibaut m’a parlé de son idée de création autour de Proust, je me suis plongé dans la lecture de l’œuvre pendant l’été. Comme lui, Thibaut et moi ne voulons cesser de nous émerveiller et, dans nos rôles de père, d’artiste, d’enseignants, nous voulons essorer le temps au maximum sans en perdre une goutte. C’est une recherche perpétuelle.
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